Loïc Seron

bio/demarche > demarche

Loïc Séron
photographe indépendant // documentariste

Mon travail s'inscrit dans la tradition de la photo humaniste, qui s'intéresse avant tout à l'être humain dans son environnement, loin de tout "concept" artistique ou plasticien. Quand j'en ai le choix, je le réalise en argentique, et en noir et blanc. Le noir et blanc va droit à l'essentiel. L'argentique offre, au tirage, des nuances, une douceur et une intensité infinies, le tout avec une authenticité, une chaleur, que j'ai peine à retrouver dans le numérique. Oui, je travaille aussi le numérique, et fais des recherches pour trouver la formule, le matériel, la façon de faire, qui me satisferont entièrement dans ce médium tout de même fulgurant...

Photographier mes contemporains... je n'ai rien inventé, bien sûr. Mais, me semble-t-il, rien de plus passionnant que cet étrange mammifère, infiniment riche et complexe, toujours surprenant, qui peuple (le choix de verbes est vaste...) la planète, et que l'on appelle homme, femme, enfant. Apprendre à m'approcher des gens avec mon appareil, et à arrêter sur images quelques instants de vie, m'est venu instinctivement (même si l'on m'a dit que ce fut plutôt culturellement), suite à certains "déclics" heureux. Je n'en suis pas revenu, n'en démords pas : c'est ce que j'aime et c'est ce qui me convient le mieux.

Je me sens très proche des photographes (ou "photoreporters") de l'école humaniste, pour leur souci de témoigner, de rapporter des choses vues ici ou ailleurs - au bout du monde ou au coin de la rue. Pour leur sensibilité et leur tendresse aussi, leur proximité naturelle, évidente, avec des "sujets" qui sont avant tout leurs égaux. Modestement, je me joins au mouvement, et je prends mon poste d'observation au plus près de la vie, l'oeil aux aguets.

Je photographie les gens dans leur environnement de vie, de travail, dans les loisirs qu'ils se choisissent. L'idée du cadre est importante : les hommes sont des sujets inépuisables, mais je m'intéresse aussi beaucoup aux tableaux vivants et changeants qu'ils composent dans l'environnement qu'ils ont imaginé, créé, façonné, qu'ils se sont approprié, et qu'ils modifient encore et toujours. Ma préoccupation est donc esthétique et graphique également, et cela vaut dans tous les cas, que la présence humaine dans l'image soit directe, indirecte, ou, plus rarement, totalement absente.

Depuis quelques années, la vidéo (en numérique, là, oui...) est devenue un complément utile de l'image fixe. Elle me plaît notamment par l'ouverture qu'elle offre vers la parole de ceux et celles vers qui pointent mon intérêt... et mes objectifs.

Bien sûr, on cherche toujours à capter des instants signifiants, décisifs : il faut que la photo raconte quelque chose, témoigne, et si possible transforme d'une façon ou d'une autre celui qui la regarde, comme une oeuvre littéraire. L'image réussie ne laisse pas son spectateur indifférent ou indemne : elle l'informe, lui donne à voir du nouveau (du dissemblable, du lointain, ou un point de vue décalé sur un événement proche ou banal), et, au final, elle l'enrichit. Vaste programme... et objectif qu'il est bien difficile d'atteindre. Mais c'est une visée des plus stimulantes, qui prémunit définitivement contre l'ennui, la routine et le blasement. Que demander de mieux?

Nous ne faisons que passer. Petit à petit une espèce de devise m'est venue : regarde tant que tu peux.